Beijing blues, de Carole Darricarrère
Carole Darricarrère
BEIJING BLUES
Textes et photographies de l’auteur
——————Chaque livre est le fruit avéré d’une lente gestation. Beijing Blues embrasse sept années d’arpentage intuitif de la ville de Pékin et une immersion de deux mois à vélo dans la capitale un appareil photo en bandoulière et un carnet dans la poche. À cette époque-là j’étais parvenue à mettre la vie matérielle au service de ma créativité.
Ce livre illustre le principe moteur de ma démarche, ce besoin de développer des parallèles sensitives d’écriture et de leur permettre de commuter spontanément entre elles par un système de métaphores et de passerelles comparable à un jeu d’écluses. Je travaille depuis les interfaces, sur la vie des concordances. Le texte ne précède pas forcément l’image. Au demeurant, il s’agit souvent de la rencontre fortuite de deux altérités obéissant à une logique externe à ma volonté : quelque chose prend forme, dans des temporalités sensiblement différentes, en miroir d’une autre qui existe déjà, parfois à l’état latent, et s’avère a posteriori concomitante, puis s’aimantent librement à une certaine altitude. Quelque chose se déroule en moi qui ressemble chaque fois aux étapes non encore révélées d’une création kaléidoscopique. ..
extrait de la préface – Carole Darricarrère
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La couleur est un vocabulaire. Le Poème un trou noir. Le texte fait figure de secrétaire. Léna est un poisson volant. Mi sirène mi ange. Mon étoile du berger. D’une éclipse l’autre Léna fait le lien. Elle apparaît et disparaît au raz de la ligne de flottaison. Tandis que je débats encore de la puissance des vagues. Son Verbe est un balai magique.
Dans les années qui ont précédé les jeux olympiques de Pékin (2008), la Chine entame un programme à vaste échelle de rénovation de sa capitale, Beijing. À la faveur de sa mise en œuvre, des lignes de tôle bleue envahissent l’espace de la ville s’emparant des zones d’habitat traditionnel, les hutongs. L’épaulement à l’infini de ces chantiers semblables à des châteaux de cartes m’a offert un graphisme de lignes de fuite et d’angles d’attaque d’une ampleur considérable et fourni une occasion d’écrire ce que j’appelle mon œuvre au bleu. Dans le même temps, dans les ruelles et les impasses, au pied des pelleteuses et des grues, là même où le temps semblait s’être arrêté, se jouait sur fond de progrès l’éternel accomplissement de la dialectique rousseauiste de deux conceptions opposées du monde : orphique (bleue) et prométhéenne (rouge). J’entends par mordernité que la mordernité n’arrive jamais sans son cortège de petites morts.
Se situant au carrefour du témoignage sensible signant la disparition inexorable d’un socle de traditions (architecture, mode de vie, coutumes, symboles, ambiances, petits métiers) ; de l’évocation de la couleur (le dit du bleu) ; et d’une méditation en mode fugué sur le thème du voyage intérieur, Beijing Blues invite à une traversée des apparences sous couvert de poéthique du bleu et se livre à des improvisations sur les thèmes fondateurs de la création selon son auteure en réponse à ce quelque chose qui n’en finit plus de se déliter sous nos yeux indifférents.
l’auteure
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