Un album de chanson est au fond un livre sonore et les douze, treize chansons que nous offre le poète sont bien un récit enjoué mais mélancolique, mélancolique mais enjoué. Une chanson sans chanteur est comme une âme qui cherche un corps ébloui. Ces opus nous balancent des bras aux étreintes joyeuses, des coeurs à revendre, des mots-joie, des crédos libertaires qui veulent pacifier ce temps guerrier qui est enraciné dans notre temps. j’aimerais, la chanson qui donne titre à l’album navigue entre parler et chanter d’un matin magicien. Son écriture invente une conjugaison de ce « conditionnel improbable » qui hâte le pas vers la découverte d’une sorte de morale fraternelle et des sources d’amour offertes à nos oreilles à la Nâzim Hikmet. C’est une chanson que je ressens comme un hymne populaire.
Quel est cet « être intérieur qui pousse » Frédéric Zeitoun à braver les vicissitudes du monde, ces petites saloperies ou grandes mesquineries? qui fait naître ce grand désir de liberté libre ou apprendre à obéir au désir de désobéir devient donc ce « conditionnel improbable » qui n’est que le présent d’un avenir immédiat porté par la voix vive et juste du chanteur? Des pires mensonges à Rire de tout il faudra donc refaire tout pareil en mieux. En écoutant les chansons de cet album, j’ai été sensible en particulier aux échos des mots, des images, des idées claires qui le traversent et s’installent presque par effraction dans nos oreilles, mais une effraction fraternelle et vivante d’amour.
Tant que tu es là « comme un regard sans parole », La vie sur son visage comme « une leçon d’humanité », j’aime tout le monde comme une synthèse d’un bonheur intense mais peut être passager, ces trois chansons me semblent dictées par le chant des profondeurs qui habite et anime en permanence l’univers du poète-chanteur d’autant plus que ces trois chansons figurent des univers musicaux différents. Le piano, la guitare, le synthé, l’accordéon, le violon tzigane, la basse… jouent vraiment sur les cordes sensibles de son âme blessée et joyeuse tout à la fois. Serge Lama recommande cet album qui distille « des choses tellement vraies », réalisé avec les complicités de ses compositeurs -arrangeurs, M.Berthourmieux, J-C Ghrenassia, G.Capaldi, G. Salamieri, J. Czerneski, E. Berchot et M. Fugain et Yves Duteil. Les accents orientaux (Vivre, vivre) , les musiques comme un slow où on ne l’attend pas, la voix même porte les mots d’un seul et même poème qu’exprime cet album: celui d’une exigence de vivre selon son coeur car cet album est une science exacte, comme une joie de l’avoir reçu, ce jour, exactement.
Luc Vidal, le 3 avril 2021 à Nantes
* Album du Label Roy Music produit par les mousquetaires Gérard Capaldi, Thierry Communal et Gérard Davoust et sans oublier François Troller, Bertrand Louis et Mathieu Johan …et Bertrand louis,François Troller et Mathieu Johann.
Il est possible que le livre soit le dernier refuge de l’homme libre.
« Il est possible que le livre soit le dernier refuge de l’homme libre. Si l’homme tourne décidément à l’automate, s’il lui arrive de ne plus penser que selon les images toutes faites d’un écran, ce dernier finira par ne plus lire. Toutes sortes de machines suppléeront : il se laissera manier l’esprit par un système de visions parlantes : la couleur, le rythme, le relief, mille moyens de remplacer l’effort et l’attention morte, de combler le vide ou la paresse de la recherche et de l’imagination particulière : tout y sera ,moins l’esprit.