Alain Lebeau

Un seul jour sans la mer
et toute larme est tarie
Qu’elle se retire
ou s’étale
que le soleil pleure
ou que la lune rie
rien ne bat dans les yeux secs
Il y a toujours des marins sur le quai
les yeux comme le ciel du jour
embués de regrets
ou lumineux d’espoir
Il y a toujours des bateaux en partance
et des épaves à marée basse
Ce soir la mer est si grosse
qu’elle roule ses bourrelets
jusque dans mon ventre noué
Ce soir le vent est si fort
qu’il déchire le tympan du téléphone décroché
Ce soir les embruns sont si amers
que je ne reconnais plus le goût de tes lèvres
dans le baiser de l’écume…