Ecrire me remet au monde. Inlassablement dans la vérification que je suis bien vivante en relation avec autrui. Ecrire est une adresse, un désir de rencontre, un engagement, c’est un acte, un geste corporel autant que vocal. La poésie selon moi doit s’incarner et donner voix. J’aime à triturer le langage, ce qui me permet de donner la parole à qui ne l’a jamais mais aussi à qui parle une autre langue, qu’elle soit poétique ou étrangère c’est un peu la même chose. Ecrire c’est avoir la foi pour la folle entreprise qui par les seuls moyens du langage tente de faire advenir une forme d’éveil. Ecrire c’est remonter vers là d’où l’on vient avec l’enfance boulimique de lecture et la certitude de vouloir vivre dans le partage.
Il est possible que le livre soit le dernier refuge de l’homme libre.
« Il est possible que le livre soit le dernier refuge de l’homme libre. Si l’homme tourne décidément à l’automate, s’il lui arrive de ne plus penser que selon les images toutes faites d’un écran, ce dernier finira par ne plus lire. Toutes sortes de machines suppléeront : il se laissera manier l’esprit par un système de visions parlantes : la couleur, le rythme, le relief, mille moyens de remplacer l’effort et l’attention morte, de combler le vide ou la paresse de la recherche et de l’imagination particulière : tout y sera ,moins l’esprit.