Christian Laborde

Christian Laborde
La seule évocation du nom de Christian Laborde suffit à évoquer aussitôt un univers familier où règnent une syntaxe rythmée, une pensée jazz et un désir de tout embraser. Au fil de ses livres et de ses nombreux articles qu’on ne saurait négliger parce qu’ils participent à l’extension de sa zone de com- bat, l’auteur de L’Os de Dionysos s’est composé ce territoire personnel qu’il arpente, laboure et retraverse avec une fougue intacte depuis l’origine. Son enthousiasme, son amour de la vie, l’éclat de son indignation se maintien- nent avec les années qui passent.
Sa capacité d’admiration s’accompagne d’une fidélité qui résiste à toutes les épreuves. Quand Laborde aime, c’est à la folie – ainsi sa passion intacte pour Nougaro –, ce qui ne l’empêche pas de s’émerveiller lorsqu’un nou- veau venu débarque sur la scène à la condition qu’il s’adonne à son art avec toutes ses tripes.
Laborde est à la fois une voix et un musicien. Ses textes méritent d’être lus à voix haute pour en faire ressortir les sonorités heurtées, mais toujours chantantes. Les percussions colorées de ses mots n’en finissent pas de réson- ner. Ce fut bien naturel de le retrouver face au public à l’occasion du spec- tacle Vélociférations, Je me souviens du Tour. L’idée de scène est omnipré- sente dans son art – même dans la solitude de la composition. De l’écriture, de la parole – chez lui les deux disciplines tendent à se confondre – Laborde est un performer. Débordant d’énergie, il conçoit le monde comme un ring où répondant aux coups de la mièvrerie médiatique il se débat avec ses gants de styliste jusqu’à l’épuisement. Laborde n’est pas du genre à lâcher le mor- ceau. Il n’y a qu’à observer son ardeur à défendre dans la presse les cyclistes empêtrés dans les affaires de dopage. La beauté du geste l’emporte sur les considérations secondaires.
Extrait de L’Ours percussioniste de Charles Ficat