Christine Pezzana

Ma mère chantait Édith Piaf
Ma mère chantait Edith Piaf, sa merveilleuse voix est en moi à chaque instant. Mon père était un homme italien. Leurs racines sont l’Italie du nord ; leur jeunesse de migrant s’est déroulée à Monaco au bord de la Méditerranée. Après leur mariage ils sont montés à paris, et, ont choisi la France comme pays d’adoption.
Je suis née à Maisons Laffitte le 3 mars 1963, dernière d’une lignée de 4 enfants. Mes trois frères adorés dont un, mon ainé d’un an et demi, mon seul recours à cette éducation italienne fut mon passeport de sortie du cocon familial. Nous avons fait ensemble nos 400 coups d’ados, aventures, études, mécanique motos, sommets des Alpes et, plus tard nos amours …
Nous avons grandi au milieu d’un verger, de champs cultivés par des maraîchers et de la forêt à toutes les saisons. C’est Saulx les Chartreux à 20 km de Paris, j’y suis arrivée à l’âge de 5 ans au printemps. Je me souviens de ma rencontre avec mes voisines que j’avais invitées sur une proposition de ma mère pour me donner confiance…. Expliquer à l’une d’elle de ne pas tuer une fourmi, « imagine un géant nous écraser nous hurlerions de douleur » … C’est si naturel pour moi, la Terre sur laquelle d’autres vies grandissent ne nous appartient pas.
Abreuvant ma soif d’exploration par toutes les vies décrites dans les livres lus, j’ai poursuivi mes rêves en pratiquant le métier d’architecte associant beauté et plaisir à la construction d’univers protecteurs de la vie des hommes. Un regard, des réalités à 360° qui restent toujours difficile à apprivoiser.
L’écriture a toqué une première fois. En devenant la dactylo d’une amie lors de l’écriture de son scénario, j’ai découvert avec elle le monde de la TV et du cinéma. Elle deviendra ma deuxième maman à la mort de ma mère, ses mots ont supprimé les douleurs, son cœur m’a donné les clés pour me défendre et laisser mes rêves d’enfant au placard. C’est si facile de ne rien voir.
Alors mon téléphone devient un appareil photo pour lever mes doutes, observer interpréter, raconter ; Paris est mon terrain de jeu. Exister, oui c’est la chose à faire, j’apprends à me livrer.
Je poursuis en téléphonant à Claude Hartmann alors que nous nous étions perdus de vue depuis 25 ans. L’amitié est toujours là. Naitront nos premiers discours parcourant l’art et ses œuvres. Nous nous textotons nos ressentis sur nos travaux en cours : une poésie, une photo en réponse à sa peinture ou ses sculptures qu’il fait aujourd’hui en artiste accompli. Il devient mon lecteur attitré à son grand plaisir. Ce premier recueil de poésies s’installe, à l’image des mots du poète Arthur SYMONS « construire avec de la brique et du mortier à l’intérieur de la couverture d’un livre » … Mes mots traduisent une vision précise d’un vécu ou de son reflet aussi proche de l’instant gardé à notre mémoire pour le réinventer. Les encres sont les liens en majesté des paroles tues.
Christine Pezzana