Jean-Louis Rambour
Jean-Louis Rambour – Poète en temps réel
Nous sommes assis, fraternels, dans le spectacle du jardin. L’air est léger dans la maison. Des livres partout, ainsi qu’il se doit. Et toujours, de lui, des choses que je n’ai pas lues… Jean- Louis est de ces écrivains qui font tout, de leur vivant, pour rendre impossible la tâche des biographes. «Ça tombe bien, je lui dis, je ne saurais jamais écrire une bio… » Il rit : « J’aimerais t’en dis- penser – un silence – mais ». Car lui et moi, malgré nos vaines révoltes, nous sommes à l’âge des mais…
La chatte tape au carreau. Le temps file. Je plonge dans la pile de livres que j’ai relus ces derniers jours car si la mémoire failli- ble est la plus belle chose qui soit pour l’amitié, elle ne vaut guère pour la rigueur journalistique…
Nous parlons poésie mais Jean-Louis s’interroge : « Ai-je ja- mais su vraiment écrire des poèmes ? Ai-je jamais su vraiment écrire des romans ? Pierre Ivart1, lui, a un objectif : il sait où il va, il développe une réflexion théorique sur la poésie qui fonde son écriture. Moi, j’écris de façon très empirique ». On ne peut croire à une telle innocence chez le professeur de lettres qui connaît tout ce que la poésie compte de noms importants aujourd’hui. Je lui en demande un – cette insupportable suffisance des questionneurs ! – un nom et il finit par citer Pierre Reverdy, « qui m’a donné cette liberté du passage à la ligne ». Serait-ce manières de sa part? Qu’il n’ait pas formalisé ses réflexions, rien que de normal : écrire n’est pas théoriser mais témoigner à travers des pratiques d’écriture. Allons-y voir…
Extrait de Conversation légère au coin de l’hiver de Roger Wallet