Olivier Duval

Olivier Duval
Chaque jour la contemplation, la méditation, la pratique du qi gong et du taiji invitent à une perception plus fine du monde, à son unité. 
J’aime la matérialité de cette union, respirer, marcher, nager… Petit à petit mes mains rétives sont pacifiées, le visage se détend, le corps et tout l’intérieur s’ouvrent au grand dehors. La perspective est sans fin et j’ai pris l’habitude d’inscrire ce corps à corps avec des mots… pour le plaisir d’essayer de dire ce qui ne demande pas à être dit. 
 
Un recueil de sable : j’ai vite été sensible au regard photographique que Michel leclercq, un ami sculpteur, compagnon de randonnée et maître botaniste, porte sur la nature, cadrant la beauté terre à terre, sans chercher à l’idéaliser. Je lui ai demandé ses photos de plages et de sables : elles me parlaient. J’en ai choisi quelques unes, j’ai suivi le parcours qu’elles semblaient m’ouvrir d’elles-mêmes, les accompagnant de mots en écho à tous ces façonnages de la mer et du vent. Très simplement. 
 
Assis sur un coussin noir aux pommes vertes inaugure un Recueil sans fin : neuf recueils qui tournent autour d’une expérience singulière et solitaire, étrangère à toute chapelle mais sensible aux approches profondes du taoïsme et du bouddhisme Chan… celle de la méditation assise où il s’agit simplement d’essayer d’être un homme vrai en se détachant de toutes les petites fixations qui forgent ce qu’on appelle un moi. 
Cette pratique de la méditation s’inscrit dans une curiosité assez partagée aujourd’hui : on peut s’en réjouir et entrevoir la redistribution des valeurs dont elle témoigne, ou craindre les effets de mode qui l’accompagnent… et interroger la dimension idéologique de cet intérêt si consensuel (dans un monde capitaliste et matérialiste dont on sait qu’il objective tout ce à quoi il touche).
       Assis sur un coussin noir aux pommes vertes est le premier navire : un peu l’entrée en matière. Ce temps des découvertes polies par les années et les réécritures est devenu une randonnée accompagnée par les belles enluminures d’un vieux complice en amitié, Jacques Pierre Amée : il vit maintenant à Lunenburg (Nouvelle-Écosse), où il tient, comme toujours, double atelier (l’écrit — le roman, le poème — et l’art « plastique », ses deux ou trois dimensions, son théâtre) … avec vents et marées.