Patrick Aubert

Patrick Aubert
Ecrire de la poésie cela peut être raconter des histoires : vécues, rêvées ; c’est aussi partager des expériences, des visions qui ont besoin de mots pour s’inscrire dans le poème.
Les images de Patrick Aubert ne figent pas le temps ni n’arrêtent notre regard. Elles racontent elles
aussi des histoires. Lors d’une exposition Cézanne ˆ l’Orangerie, Henri Maldiney qui s’était senti en quelque sorte “appelé” par un tableau, explique :
“il m’a imposé une dimension de la réalité qui était en relation directe avec celle de mon existence.
Je me suis senti exister en présence d’une oeuvre. Dans cette co-présence où nous nous trouvions
cette oeuvre unique et moi unique, et tous les deux en cette présence communiquant ou plutôt con- naissant l’un avec l’autre”. De la même manière, les images qui ont inspiré la première suite poétique de ce recueil ont eu pour effet de déverrouiller chez le poète que je suis, quelque chose déjà en moi, une vision du réel, avec ce que cela comporte de trouble voire d’effroi mais aussi de profonde empathie.
Car les images de Patrick ne disent pas tout, ne
sont pas réductibles à elles-mêmes. “Elles laissent
ˆ l’insaisissable sa part”. C’est cet insaisissable
situé à la frontière mouvante de l’impossible et du compréhensible qui se mêle à l’encre du poète dans un va-et-vient nourricier, faisant reculer les limites du langage, cet insaisissable qui chemine enfin sur la page, en déposant parfois
une touche d’ombre, parfois une fragile lumière.
Geneviève Liautard