Philippe Lacoche

Philippe Lacoche
Dans le panorama de la littérature en Picardie, Philippe Lacoche occupe une place privilégiée tout autant qu’exposée : il en est le représentant le plus en vue. Il le doit principalement aux profondes résonances d’une oeuvre « générationnelle » : de ceux dont l’adolescence s’est éveillée en même temps que le rock. S’ils n’ont pas connu les épouvantes de la guerre, ils ont tâté de ses privations – suffisamment pour savoir d’où ils viennent – avant de basculer dans le modernisme des trente Glorieuses. C’est dire que leurs élans ne seront jamais euphoriques ni leur mélancolie jamais désespérée.

L’oeuvre est multiple. Elle a aussi, et fréquents, des accents que l’on pour- rait dire régionaux tant ils parlent aux gens entre Aisne, Oise et Somme (entendez : les rivières). Moins sur la fenêtre océane qu’au coeur du pays industrieux semé de petits villages égrenés dans la plaine et sacrifié sur l’autel de quelque profit de l’heure.

La Picardie de Lacoche, c’est exactement le lieu de ce naufrage.
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En une vingtaine d’années d’écriture – on ne sait pas très bien si l’aventure commence avec le journalistique Les ténors du rock (1984) ou plutôt avec Cité Roosevelt, paru au Dilettante neuf ans plus tard – et autant de livres, Lacoche n’a cessé de creuser trois de nos émotions majeures (et le « nos » vaut pour « nous autres, nous tous, lecteurs ») : les jeunes années, les amours, la musique. Il y a plus que ses livres : il y a l’amour qu’il donne des livres des autres. Journaliste au Courrier Picard, il y tient une rubrique littéraire dense. S’il se place volontiers sous le patronage tuté- laire des Hussards (que furent, dans les années 50 et 60, Nimier, Blon- din, Déon et quelques autres), il y fait preuve d’un éclectisme salutaire. (……..)

Extrait de l’éditorial de Roger Wallet