Yves Potoski

Yves Potoski 
Il n’y a qu’un seul écrivain sous toutes ces signatures identiques. Le romancier, le nouvelliste, le chroniqueur, le dramaturge ne sont qu’une même plume. Quel que soit celui de ses livres dont vous tournez la couverture, vous rencontrez le même homme. La même tranquillité anxieuse fait aller son crayon sur les lignes de ses calepins, les mêmes pensées sensibles l’assaillent, les mêmes personnages profèrent par sa voix. Nul transformisme là-dedans, rien que la sureté d’une voix que peu entendent, si l’on en juge par son audience. Mais la question n’est pas là. Un jour viendra où les chiens auront besoin de leur queue…
Des quatre pièces ici regroupées, j’ai vu la seule qui ait connu une pleine existence scénique, « La valse à Yoshka « grâce à la Ciie de la Cyrène pour qui elle fut écrite. Elle entretient une ambiguïté qui est le plus souvent la marque de R.W. : elle passe pour etre ce qu’elle n’est pas. Elle passe pour parler d’accordéon, pour avoir ses morceaux de bravoure avec Piaf ou Mariano, pour raconter un siècle de musique populaire. Or tout n’est ainsi construit que pour ces cinq minutes finales de grâce absolue,à vous fouiller l’âme : la solitude dépouillée de Yoshka au milieu de ses poules, déjà loin du monde, et que rattrape soudain le miracle d’une musique que jamais elle n’entendit mais que, toute sa vie, elle pressentit, jaillie sous les doigts de son amoureux alors que tous deux vivaient. Et il faut l’épure magique de deux ombres mouvantes dansant au centre d’un microsillon pour nous faire sentir que cet instant-là est la rédemption de tant de souffrances, un coeur qui arde au plus profond de la nuit.
Yves Potoski ( « extrait »de après lire)