Jean-Louis Berdot

Au premier abord, ce qui frappe à la lecture des nouvelles de Jean-Louis Berdot, c’est le style.

Un style qui d’emblée donne le ton à toutes ses histoires par une impression d’irréalité.

La manière de décrire les caractères, les personnages, les situations, surprend par son côté anachronique. Lire « Le Jockey perdu et autres nouvelles » c’est entrer, nouvelle après nouvelle, dans un autre temps, un autre monde. Un monde magique qui paraît simple à imaginer !

Par la fluidité du langage, la concision des phrases, le regard amusé et amusant qu’il porte sur ses personnages, Jean-Louis Berdot nous pousse à suivre avec délectation les fils ubuesques de la narration, à visualiser les scènes comme on enchaînerait les images d’un film de Jacques Tati ou les vignettes d’une bande dessinée.

On ressent la jubilation de l’écrivain à nous surprendre par des histoires semées de fausses pistes, par l’approche décalée des personnages, à s’amuser des retournements de situations et des chutes inattendues.

Parfois même l’intrigue, introduite avec légèreté et bonhomie, mène brutalement à la mélancolie voire au tragique, laissant le lecteur longtemps perplexe.

Qu’on ne s’y méprenne pas : si la bonne humeur et l’esprit ludique traversent de part en part la plupart des nouvelles, les thèmes choisis, destins individuels ou collectifs, rapports sociaux, décrivent quant à eux les grandes tensions de la société de l’époque et les comportements d’adaptation des protagonistes face à ces bouleversements.

Parfois cynique et grinçant, jouant sans trop d’illusions sur nos hypocrisies, nos obsessions, nos convictions, nos faiblesses, Jean-Louis Berdot nous livre à travers ce kaléidoscope une vision profondément tendre et pleine d’humanité de l’homme en proie à la société, sorte de superstructure où règne le « struggle for life ».

Comme « Les Caractères » de La Bruyère défient le temps par leur universalité, « Le jockey perdu et autres nouvelles » saute par dessus son époque par les valeurs humanistes qu’il transmet.

En fait « le jockey perdu », c’est un peu chacun d’entre nous, et j’ose croire qu’il finit par trouver son chemin !

Marie T. Roche

Jean-Louis Berdot a d’abord été enseignant et chercheur en Sciences physiques.

Après une incursion dans le théâtre, il s’est orienté vers l’écriture de scénarios et la réalisation de courts métrages de fiction. Deux d’entre eux ont été inspirés par des nouvelles de ce recueil. Jean-Louis Berdot s’est ensuite spécialisé dans le cinéma documentaire.

Il a écrit et réalisé une quarantaine de films portant sur des sujets scientifiques, géopolitiques et culturels. Une vingtaine d’entre eux ont été diffusés sur des chaînes de télévision nationales. On notera plusieurs trilogies : sur l’Amérique Latine, sur l’Albanie et sur les traditions artistiques en Asie du Sud-Est.

Il a enseigné le cinéma documentaire à l’Université et à l’École Nationale Supérieure Louis Lumière.

Il a organisé ou participé à de nombreux colloques, conférences, festivals, autant en France qu’à l’étranger.

LES RÉALITÉS DU CINÉMA DOCUMENTAIRE – JEAN-LOUIS BERDOT : https://www.canal-u.tv/chaines/universite-paris-diderot/13min-les-realites-du-cinema-documentaire-jean-louis-berdot

“Le Jockey Perdu et autres nouvelles” (n°269) avec des peintures de Marie T.Roche