Luc Bérimont

Luc Bérimont

Tout à coup, j’ai toute la vieillesse du monde dans les os.

Décembre allume ses fenêtres

Et c’est la benne des saisons qui bascule en me fendant l’être.

Voici le vieil hiver fumant, éventrés de soleils fourchus

 

On attend sur l’étang du gel l’écart éblouissant d’un prince

Mais le ciel de
Seine a terni les feux mordorés des vitrines

Et la brume qui vient aux dents est trouble du brouillard des mots

Je suis étranger à ces lieux où la publicité, la mort sont sourdement complices

Je suis né contre des forêts où l’air vert était sec de houx.

Ma mère, à cette saison-ci rentrait des lessives gelées :

La chemise aux deux bras levés, le drap raidi comme un chemin.

J’ai trop vécu pour refuser fidélité à mon enfance

Fidélité à mon amour et belles rives au temps pourri.

Tu peux venir au creux de moi comme une barque qui s’amarre

Escomptant qu’un arbre haleur délimite la contrée.

Extrait de “Feu Vivant”

 

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