Et si c’était ça la vie ? de Roger Wallet ( avec des photographies de Jean-Louis Bouché) – Postface : Yves Potoski
Si c’était ça la vie ?
Roger WALLET
nouvelles postface Yves Potoski
(photos Jean-Louis BOUCHÉ)
Roger Wallet écrit sans répit, tout le temps. Tout lui est prétexte à mettre des mots sur sa vie ou ce qu’il croise dans sa vie. Rien pourtant dans son impressionnante production – il est d’une insatiable boulimie – n’est autobiographique. Tout est fiction. Les collégiens qu’il côtoie lors des ateliers qu’il anime lui posent toujours cette même première question : Est-ce que c’est vrai ? Sa réponse : il leur lit un texte très sensible, souvent “Un bon fils” (p.29), et leur retourne la question : Est-ce que c’est vrai ? La réponse évidente : Oui ! Il accepte alors de leur dévoiler ses sources d’écriture : une nouvelle de Jean- Paul Dubois qui l’a ému, le souvenir d’un chien qu’il eut et mourut en de tout autres circonstances, et sa mère qui, contrairement au récit, mourut seule, sans lui. Il livre alors ce qui fut la clef de ce bref récit : exorciser son remords de n’avoir pas été auprès d’elle au dernier moment. Le texte dit tout le contraire et réveille à chaque fois en lui un impitoyable sentiment de culpabilité. Ce texte le déchire.
( extrait postface)
Yves Potoski
Sommaire
Conversation dans la cuisine 7
La chanson de Carco 11
Le vieux qui taillait la pierre 21
Un bon fils 29
Orphelins 31
Le petit homme 39
Jardins ouvriers 43
Le garçon 45
La demoiselle d’honneur 49
Ses mains 55
Le débris des choses 67
Le baiser 71
Le petit zinc 75
Fidèle infidèle fidèle 83
Le tortillard 89
La valise de Capa 93
Susan 97
Sans elle 109
Si c’était ça la vie ? 111
CINQ ANS AU MOINS QUE JE N’AI PAS VU MA MÈRE. Depuis que je suis parti m’installer dans la Drôme. Ce ne sont pas les six ou sept cents bornes qui sont tellement dissuasives mais je ne supporte pas de la voir vieillir. Déchoir plutôt, s’avachir. Mon frère me tient au courant. Il m’a alerté sur son comportement ces derniers temps. Il ne sait pas si elle pourra rester longtemps chez eux. Enfin, chez elle. Comme je monte à Paris pour mes affaires, je fais un crochet par La Villedieu. La rue n’a pas changé. La maison a pris un coup de jeune, Hervé a repeint la grille et les volets. Je sonne et j’entre. J’appelle Maman ? Elle est dans la cuisine, à peine surprise de me voir. Elle est en train de déjeuner, café au lait et biscottes. Je l’embrasse. Elle me fait asseoir. Elle dit : Mon grand ! Ce que je suis heureuse de te voir. Ça fait si longtemps ! Tu aurais pu m’appeler quand même, je me faisais un sang d’encre. On ne laisse pas sa mère comme ça, sans nouvelles. Elle dit qu’elle m’a maudit plus d’une fois de l’avoir abandonnée et que c’est à cause de moi qu’elle s’est laissé aller.
(extrait de Conversation dans la cuisine)
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