“Les chemins confisqués” de Flora Beillouin
Le sexe du diable
Quelques taches de couleur
sur un mouchoir,
la preuve par trois
d’une après-midi d’errance.
Le goût de l’herbe
en prise au soleil qui somnole,
de l’enfance lointaine
et de l’ivresse.
Canettes cosmiques,
rhizomes des conversations.
Nous faisons de ce trou dans l’écorce
percée de mille visages
le sexe du diable.
Aux manettes d’une carriole à pédales
tirée par un cheval aux yeux de plastique fous,
nous défions les regards médusés
des passants et des petites filles.
Western.
Le paysage s’accélère.
Jardins,
bassins en cascade,
noces absurdes…
«Attention aux pentes abruptes ! »
avait prévenu le pirate.
Mais nous filons à contre à contre-sens.
Voici en relisant ton livre mes remarques de lecture et de sensations. Ta poésie est lyrique,
elle prolonge ce que je connais de toi dans le livre que nous avons commis ensemble : Le delta
de la nuit. Ne quitte surtout pas ces lignes de lyrisme vivant qui se sont lovées dans ton poème.
Ta poésie chante, raconte, évoque des personnages et des sentiments. Ta dédicace de départ
correspond exactement à cela : À ceux qui peuplent et dépeuplent nos jours,/ aux ombres de nos
espaces familiers,/ aux belles absentes/ et aux rêveurs debout. Et le déroulement du livre tient les
promesses annoncées tout comme ce que tu cites de Francis Krembel, ton ami décisif. Le
second poème, Nos oeuvres inutiles soutient la dynamique lyrique de ta poésie. Faut-il qu’il
ouvre aussi le recueil ? Les deux beaux poèmes-amertume du début donc je les ressens comme
des flammes brisées. Il y a aussi de longs poèmes, de longues laisses qui sont le sel et le sucre
de ton style. D’où l’importance de la place de chaque poème dans le scénario, dit autrement
leur ordre d’apparition se vérifie dans ta chambre d’échos personnels et intimes. Les chemins
confisqués pour ouvrir le chant des poèmes est, au fond, un bon titre…
Luc Vidal extrait de la posface
Flora Beillouin
Flora Beillouin est née à Angers à l’automne 1986. Sans jamais cesser de peindre, de graver,
de dessiner, elle devient journaliste à L’Humanité puis en freelance entre le Nord de la France,
l’Argentine et le Mexique pour des titres créatifs et engagés tels qu’Article 11 ou L’Impossible.
En 2013, elle crée l’atelier d’édition collectif La Marge à Angers, avec ses livres artisanaux
réalisés à partir de cartons et de tissus de récupération, peints à la main.
Aujourd’hui installée à Lille, elle coordonne le Labo 148 de la Condition Publique, un
projet audiovisuel participatif ancré dans les quartiers populaires, tout en poursuivant son
exploration de l’écriture documentaire, de la gravure, et de l’illustration au sein du collectif La
Friche.
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