Café : lieu public où l’on consomme des boissons. Que l’on ne se contente pas de consommer, c’est bien ce qu’y voit Claude Lévi-Strauss quand il place, dans les Structures Elémentaires de la Parenté, la consommation d’un breuvage plus haut que celle d’une denrée solide. Se nourrir, écrit-il, c’est « se soumettre aux servitudes du corps » tandis que boire c’est «honorer», c’est-à-dire : célébrer, glorifier, saluer. Boire requiert donc non seulement la présence d’autrui mais aussi une attitude singulière à son égard. Dans le restaurant ouvrier que décrit l’anthropologue, « la petite bouteille peut contenir tout juste un verre, ce contenu sera versé non dans le verre du détenteur, mais dans celui du voisin, et celui-ci accomplira aussitôt le geste correspondant de réciprocité». Miracle de ce bien social qu’est une simple boisson. Le nommer « consommation », ce serait le réduire à un bien personnel. Boire est ainsi l’occasion, le ciment de l’échange comme le café est le lieu public dédié à la rencontre. On s’y croise fortuitement ou bien on s’y attend. On se trouve quelquefois. Lieu social par excellence, lieu du commun, le café est-il un lieu où l’on écrit ? A fortiori, peut-il se faire fonderie, atelier du poète ? Peut-être est-il seulement un ciel, un ciel à poèmes…
LES GRANDS GAMINS
Capharnaüm vivace
des actes inoubliés de l’enfance qui dans ce monde des agapes retrouve sa place
Plante à soigner bouton d’or secrètement déposé dans le buffet de la voisine à l’âge des invraisemblables héroïnes Embellie soudaine campagne vert luisant champagne dépaysant ensorcellement poétique et la magie des revenants.
AU COIN DES MONDES
Détour au coin des mondes Ne plus surseoir aux effluves des poètes en exil Exhalaisons métissées à l’orée d’une saison insulaire Apothicaire libre des artifices d’une verve qui ne se meurt Éclipse à l’abri des périls sur une terre qui se repose sans jamais se taire assise entre des verres.
Il est possible que le livre soit le dernier refuge de l’homme libre.
« Il est possible que le livre soit le dernier refuge de l’homme libre. Si l’homme tourne décidément à l’automate, s’il lui arrive de ne plus penser que selon les images toutes faites d’un écran, ce dernier finira par ne plus lire. Toutes sortes de machines suppléeront : il se laissera manier l’esprit par un système de visions parlantes : la couleur, le rythme, le relief, mille moyens de remplacer l’effort et l’attention morte, de combler le vide ou la paresse de la recherche et de l’imagination particulière : tout y sera ,moins l’esprit.