Entretien en 17 questions avec Yannick Guin sur le livre L’éco-socialisme Repère pour des temps troublés et confus par Yannick Guin, Sophie Normand et Nicolas Robin édité par les éditions du Petit Véhicule à Nantes.
1 – La crise sanitaire qui nous submerge ne révèle-t-elle pas la complexité des crises existantes liées aux enjeux éco- logiques, technologiques, sociaux et démocratiques, tels que votre livre les souligne ?
La crise sanitaire n’est pas la source des autres crises, mais elle agit comme révélateur ou accélérateur, en les accentuant même, des maux profonds dont notre société française souffre depuis longtemps (mais elle n’est pas la seule en Europe et dans le monde à ressentir de pareils symptômes !). Cet enchevêtrement de crises nous fait vivre un moment historique d’une grande complexité, qui oblige ceux qui gardent en tête les émancipations des individus et des sociétés à une grande clarté des analyses, d’une part, et à une hardiesse dans la reconsidération des approches traditionnelles de la gauche démo- cratique, d’autre part. Cet ouvrage, intitulé « L’Éco-socialisme » est une contribution à ces impératifs.
2 – Les 149 propositions de la convention-climat sont-elles intégrables telles quelles dans un programme politique social-démocrate ou dans d’autres programmes ?
Ces propositions sont dans leur ensemble pertinentes en regard de l’urgence climatique et de la lutte contre les pollutions. Un programme socialiste n’aurait guère de peine à les intégrer, mais il en ajouterait d’autres élaborées depuis longtemps par des esprits imprégnés des nécessités de l’Histoire et des dangers qui menacent la planète. En réalité les 149 propositions émanent d’un groupe bâti à la hâte par un pouvoir technocratique et vertical dans le but d’amortir la montée des critiques sur ses inerties ou ses insuffisances en matière d’environnement. Ce groupe n’a en réalité aucune légitimité démocratique. C’est un organe consultatif. Ses propositions ne devraient en aucun cas échapper aux dé- bats préalables de la représentation nationale.
En tout état de cause, ces propositions doivent être passées à la moulinette de leurs effets sur les classes populaires et moyennes, sur lesquelles pèsent déjà de fortes contraintes. Ces propositions ne sauraient exempter les classes dirigeantes de leurs responsabilités…
Il est possible que le livre soit le dernier refuge de l’homme libre.
« Il est possible que le livre soit le dernier refuge de l’homme libre. Si l’homme tourne décidément à l’automate, s’il lui arrive de ne plus penser que selon les images toutes faites d’un écran, ce dernier finira par ne plus lire. Toutes sortes de machines suppléeront : il se laissera manier l’esprit par un système de visions parlantes : la couleur, le rythme, le relief, mille moyens de remplacer l’effort et l’attention morte, de combler le vide ou la paresse de la recherche et de l’imagination particulière : tout y sera ,moins l’esprit.