Les territoires de l’âme, de Luan Rama (avec des peintures de Salih Luttolli )
Les territoires de l’âme
Luan RAMA
peintures de Salih Luttolli
Dernier métro avant l’oubli (?)
Que d’émotions pour la « Parisienne » que je suis de lire un poète des Balkans « célébrer la vie, célébrer Paris » et ses passants poètes, météores : Villon, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud et « ses poèmes de cristal », Apollinaire, Prévert, Celan, Sabato… la liste est longue…
En ses «Territoires de l’âme », le poète nous entraîne dans un dernier métro avant l’oubli, avec des stations aux noms évocateurs :
– « L’inconnue dans son âge d’or »
– «Omer et ses têtes »
– « La Seine accouche »
– «On n’a jamais écrit sur les poupées de la Mer Egée »
… et, au terminus de ce voyage « sur un jeu d’échecs sans fin » :
– « J’ai la mort en face »…
On pense à Pavese, «Verrà la morte e avrà i tuoi occhi ».
Géographie en blanc et noir, « pour voyager dans le monde, il faut toujours une tête et un rêve » et aussi une femme, allumée dans la nuit. « Paroles de coeur, de miel et de flammes ».
Bon voyage dans ce dernier métro avant l’oubli.
Laure Cambau
(extrait)
Je te l’ai dit ma chérie
les territoires de l’âme ne sont pas les bougainvilliers de notre jardin
ni le seuil et le chemin de notre maison
ni les grandes places de la « Concorde » et de « l’Étoile »
«Trafalgar square » ou la « 5ème Avenue »
ils ne sont pas non plus les boulevards bruyants
inondés de mille lumières
les territoires de l’âme sont cachés derrière tes paupières
ils flottent dans l’air de nos chuchotements
ils sont des territoires sans frontières
dépassant les confins de ce monde
les territoires de l’âme sont deux bras qui t’embrassent
qui te serrent et te soulèvent du sol
ils sont deux mots brûlants laissés sur la table de la solitude
ils sont nos deux cous qui s’enlacent dans le délire l’un l’autre
deux larmes de cristal qui glissent et tombent sur mes doigts
avec le goût du sel d’une mer de désirs
ils sont une tristesse sans fin, des murmures des vieilles chansons
des pétales cachés dans un livre offert il y a si longtemps
ils sont des doigts qui jouent du piano sur tes seins
dans une sonate ou un « notturno » pour des âmes qui veulent vivre …
L’auteur :
Luan Rama né en 1952, à Tirana, en Albanie, est un écrivain, publiciste et diplomate albanais. Au début de sa carrière artistique il a été cinéaste et auteur de plusieurs scénarios de longs métrages, de films documentaires et de dessins animés. Puis il a été ambassadeur d’Albanie en France, au Portugal et à Monaco, représentant de l’Albanie à l’Unesco et aussi représentant du Chef de l’État à l’Organisation Internationale de la Francophonie. Il est auteur de nombreux essais, recueils de poèmes comme Couvrez-moi avec un morceau de ciel au Petit Véhicule, de récits (L’automne d’Alberto Saviano) et de romans, Santa Quaranta et Camera Obscura, dont Le Long chemin sous le tunnel de Platon, essai, Prix européen de l’Association des Écrivains de Langue Française, publié par Le Petit Véhicule, en 2000. Il a publié un livre sur Mitterrand et un autre sur le général de Gaulle. Il a dédiéun long essai à Rimbaud (Le dernier voyage d’Arthur Rimbaud) un autre à Jean Cocteau (Rendez-vous avec Jean Cocteau), etc. Il est aussi traducteur de poètes français comme Prévert, Éluard, Verlaine, et d’autres encore. Parmi ses essais, Pont entre deux rives (sur les rendez-vous franco-albanais, publié par La Société des Écrivains, Kalorësit e Stuhisë (Les Chevaliers de la Tempête) et Parisi letrar (Le Paris littéraire) qui traitent abondamment des relations franco-albanaises au cours de l’histoire. Depuis 2008, il enseigne la Géopolitique à l’Institut des Langues et Civilisations Orientales à Paris. « Grand Officier de l’Ordre National du Mérite », accordé par le Président de la République française en 2002.
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