Sur le livre de Paulina KAMAKINE Dànssen lous àrbẹs – Dansent les arbres précédé de Debut d’Iwèr – Début d’Hiver, par Luc Vidal
L’éditeur de ce livre Mic Romania a réalisé un fort et beau recueil illustré avec sensibilité par les œuvres de Marie-Christine Juston, de Marie-Ange Lopez et de Véronique Adreit qui balisent la haute sensibilité de l’ouvrage. Ce livre serait-il le livre de poèmes voyageurs aux sources variables et différentes mais multiples cependant unitaire? J’ ai lu plusieurs fois les poèmes, les aventures qu’ils révèlent, et suivi les états d’âmes de la poète, les intermittences du coeur et de son coeur, les longues patiences d’observation liées au récit poétique du réel et des rêves qui ont permis les partitions et les clartés de son écriture. Au pays des arbres, ce livre est un livre d’amour parce qu’il est une invitation et une prise de conscience du souffle qui anime souverainement et délicatement la personne de la poète, les poumons et le coeur de sa vie qui sourcent son univers poétique et créateur.
Comme un phénomène de la cristallisation selon Henri Beyle Stendhal
Tout se passe comme si l’hiver vécu par la poète l’oblige à fixer les vertiges, les temps d’aimer ou non, éclairés et éclairant de l’aventure d’être, des aventures de la solitude totale. Tout se passe comme si la poète cherchait sur le fil ténu de vivre et du sens du temps, hors du temps, dans la nuit qui n’a pas de temps dans ses bras. Ces bras sont-ils ceux de l’hiver ? Sont-ils ceux décrits plus tard comme une absence, un oubli de soi ou d’autres absences recherchées à travers les vrilles de l’abandon ? Au fond, j’ai l’immense sensation qu’un phénomène de cristallisation opère au creux ou au sein des écrits de la poète ses bienfaits et préside aux destinées du livre et au désir fort de vivre éveillée. Le mot neige est alors la pierre blanche et lumineuse qui éclaire et donne sens à la poésie de Paulina Kamakine. Neige ô combien de fois encore je veux te vivre éveillée est-il écrit sur la page. La neige même comme un mot étoilé ne serait-il pas alors le miroir fidèle de son poème où oeuvre la cristallisation dans le cristal du mot et des mots. La neige est ressentie comme un corps de femme sublime qui permet à la poète d’oser son poème et de vivre.
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