“Comme un refrain égaré” de Zarah Mroueh (poèmes) & Jean-Marc Scanreigh (illustrations) édition bilingue
L’arbre à l’envers
Le ciel est un grand miroir
où nous ne sommes que les petits grains
d’un immense rayon,
que les branches d’un arbre renversé
dont le tronc est au ciel
et les feuilles sur terre.
Nous dépensons notre temps
en nous consumant,
et de nos cendres nous comblons le grand vide comme un refrain égaré
empruntant une voix
dans l’attente du rayon-père.
LA POÈTESSE
Zahra Sami Mroueh est née en 1983. Jeune poètesse et journaliste libanaise, elle est titulaire d’un master en recherche en management à l’Université Saint-Joseph, Beyrouth, Liban (2008). Elle a publié trois recueils poétiques en arabe : Paradis préfait (2012), Le séjour dans le prélude ( 2012) et La vie a plusieurs doses (2016)… Quelques poèmes ont été traduis en français et en allemand, parmi lesquels treize ont été publiés dans la revue française Po&sie, sous la direction de Michel Deguy. Elle travaille comme journaliste culture freelance et collabore avec des journaux arabes et libanais, parmi lesquels : Annahar, Assafir, al Hayat… Elle a participé au festival de la poésie Voix Vives 2018 à Sète. Elle parle l’arabe, le francais, l’espagnol et l’anglais.
L’ILLUSTRATEUR
Jean-Marc Scanreigh est né en 1950 au Maroc. Peintre, dessinateur, graveur, il expose depuis 1973. Il est également l’auteur de nombreux livres d’artiste.
Son art puise dans le monde visible de l’art ancien et actuel, celui de la rue et des images médiatisées tragiques ou frivoles. Il retient de cette masse visuelle des détails souvent insolites qui, recomposés et unifiés par sa main, produisent d’énigmatiques allusions figuratives. En général elles ne permettent pas au spectateur de remonter aux sources. Ce paradoxe n’est pas frustrant, il s’ouvre au contraire aux détours autrement plus « parlants » pour le for intérieur de chacun et toutes les narrations privées et publiques qui enveloppent l’art.
Près de cent trente expositions personnelles ont été consacrées à Scanreigh, dont une quinzaine à Paris et autant à l’étranger. Les villes de Lyon et de Nîmes possèdent d’importants fonds de ses œuvres.
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Prendre garde au côté gris
Afin que mes souvenirs ne me torturent plus,
je les assiège dans un recoin,
je ne fréquenterai plus des gens sombres
surgissant dans ma nuit comme des fantômes,
je brandirai des drapeaux blancs tout au long de la journée. Je crains la dureté de l’air, la rancune des gens et la poussière qui encrasse leurs idées.
Je crains qu’ils me contaminent,
alors je laisse le matin verser sa transparence sur moi. Je conserve la pureté de mes idées,
je les travaille, je les simplifie,
et si une idée sombre surgit, je la surprends du côté gris où le temps est tranquille
et les vagues suaves.