Fenêtre ouverte sur la poésie de Luc Vidal par Murielle Compère Demarcy
illustrations de Nicolas Désiré Frisque, Claude Bugeon,
J.C. Kiarkk, Gilles Bourgeade, Were-Were Liking, Lucie Jack & Athali
Prélude :
Luc Vidal,
l’Orphée-troubadour de quel siècle ? 7
Orphée du Fleuve 13
Le Chagrin et l’Oiseau perdu 35
Les Yeux du crépuscule 65
Lettre à Murielle sur la poésie et son âme 105
Postlude au chant infini des fenêtres 123
Postlude au chant infini des fenêtres
Cette Fenêtre ouverte sur la poésie de Luc Vidal n’a pas la prétention d’en dresser un panorama exhaustif. D’autres points de vue seront mis au jour au fil du temps.
L’auteur de cette approche de la poésie vidalienne s’est focalisé sur la trilogie de La Mémoire des Braises. Il est possible qu’un roman prolonge cette dernière. Luc Vidal nous a habitués à nous faire entendre sa Voix dans une complémentarité des genres littéraires (poésie surtout mais aussi, nouvelle littéraire comme avec « Le petit homme et l’apocalypse », poème-tableau ou poème-photographie, plaidoyer comme avec «Éditeurs: bons à tirer?», réflexions sur l’art, sur la poésie…). Cette exploitation de genres divers renvoie à un travail sur la Langue en écho à ce « métissage d’émotions et de sensations » que Luc Vidal lui-même définit comme le fruit de l’œuvre.
La Poésie de Luc Vidal exprime un lyrisme amoureux dont nous pourrions parler davantage encore. Comme nous aurions pu augmenter l’envergure des sources et ressources référentes qui ont nourri et continuent de nourrir l’horizon de l’inspiration vidalienne. Ainsi pourrons-nous – peut-être dans une autre approche – parler plus avant de ce « dialogue » comme il le qualifie lui-même, qu’il ne cesse d’entretenir avec les œuvres qui marquent son cheminement.
En guise de « Postlude » je reprendrai ces mots de Luc Vidal s’exprimant sur la technique du palimpseste pratiquée par Léo Ferré et que l’auteur de La Mémoire des Braises pratique lui- même, nous donnant ainsi l’occasion de relire régulièrement de lui des phrases, des mots, retouchés pour la circonstance et l’expérience. Car les lignes ci-dessous, exprimées à propos de l’œuvre de Léo Ferré dans le Cahiers d’études Léo Ferré n°11 (p.95), pourraient également se reporter à l’œuvre vidalienne : « Le palimpseste (du Poète) est un millefeuille céleste qui s’ouvre toutes les marges des (par)chemins ».
murielle Compère-demarcy
« Orphée regarde l’invisible. En ce début de l’été, juin finissait comme un immense chagrin futur. Orphée laisse ses regards couler sur le fleuve. Son épaule est blessée du dernier baiser de l’amoureuse chimère. Le sang d’aimer s’arrime à la nuit. Les visions se perdent dans les premières heures du crépuscule. Orphée inquiet ne voit pas venir son amour au rendez-vous de la confiance. Il y a dans son cœur la fin des mondes. Lui, le violeur d’interdits, n’en revient pas. Sa ferveur d’aimer est venue d’une femme ancienne rencontrée avant que d’être née, femme Lilith, femme-louve aux yeux bleus des secrets, femme chimère du ventre des rues. Sonde d’aimer, crève-cœur de la lumière. Le temps a donné à Orphée la parole comme à la main la caresse. Le temps d’aimer, comme si ce temps avait fait œuvre de feu et de ruines, avait marqué les traits de son visage. Orphée souriait tendrement, touchait son épaule blessée, fermait les yeux quelques instants, semblait écouter, boire les rumeurs de la ville et des temps vrais des cœurs. Sonde d’aimer, crève-cœur de la lumière. Ces mots peuplaient les limbes de l’aube et de son enfance. Orphée allait rejoindre les chiens du vent au bout des quais et, à la prochaine halte, les quatre points cardinaux de la joie brilleront dans les bras de l’amour. »
Orphée du fleuve, éd. du Petit Véhicule ; 1999 ; p. 12.
luc Vidal
« Le palimpseste (du Poète) est un millefeuille céleste qui s’ouvre toutes les marges des (par)chemins ». (Luc Vidal)