Inselberg, où tenir nos vies,
de Claude Bugeon
Inselberg, où tenir nos vies
Claude Bugeon
(cliquez sur les images de couverture ci-jointes pour afficher le vient de paraitre)
Le Monde en affinités
Philo/sophe en liberté (donc ami non dogmatique de la saveur), écrivain, peintre, « écosophe », je suis né en 1951 à Nantes où mon épouse et moi avons créé un atelier de dessin, une librairie (Art, Poésie, Théâtre, philosophie, théologie, sciences), une maison d’édition en typographie d’Art. En 1982 nous nous retirâmes sur l’Île d’Yeu, au large des côtes de Vendée. Pendant trente ans nous avons inventorié et analysé l’île, la protégeant sans naïveté, tel un instrument d’amplification spirituelle, expérience holistique unique ici. Nous sommes une alternative aux stéréotypes véhiculés par les élus, l’administration touristique, les historiens locaux, et par la majorité des gens qui pratiquent ce lieu.
Depuis 1973, pratiquant une peinture et une écriture d’acuité, j’ai exposé et publié, Art vivant non inféodé, écrivant de nombreux ouvrages artistiques, poétiques, philosophiques et scientifiques, mais ne confondant pas les choses avec leurs définitions (avec la lecture, la mesure que nous en avons). Le savoir originel n’est ni scientifique ni technique, il n’est pas une course à toujours plus de découvertes, Culture digne de ce nom il s’affirme telle une synergie, un Tout supérieur à la somme des parties, « saveur simple d’un plat complexe », saisissement direct d’un inconcevable d’où lève l’expérience intérieure des changeantes interdépendances, l’essence d’un Monde que nul ne peut fixer, Art de vivre.
Une petite fraction peu connue de mon approche est photographique, très composée et classique au niveau formel elle traite de l’île où je vis, touchant principalement les domaines paysagers, botaniques et géologiques, suggérant sans esbroufe le génie du lieu quand il s’offre à moi.
En géologie le terme inselberg définit un relief isolé, aux flancs abrupts, entouré d’une surface d’érosion plane et peu inclinée, ce que fut Yeu pendant des dizaines de milliers d’années lors des dernières glaciations. Les 22 stances du long poème ont été écrites de 2010 à 2016.
La vie est Art, je suis, plus que je n’existe. Toute pensée est modelée par l’expérience personnelle affective et intuitive des images, des mots et des chiffres, expérience mystérieuse (le Mystère s’expérimente, il ne se résout pas, sinon il ne livrerait que de simples renseignements, une initiation dégradée). De façons plus ou moins convaincantes, selon des règles logiques subjectives, les mots et les chiffres
mettent en scène, théâtralisent la nature inconstante du Monde, l’insécurité source de toute création.
Ils opèrent sans fin, là est leur danger, renvoyant à d’autres mots, d’autres chiffres, autant de conventions symboliques générateurs de croyances, ces illusions que nous devons pratiquer sans attachement (du moins si nous aspirons à la liberté intérieure, et la science n’échappe guère à ce jeu d’ombres). Les croyances ne sont que des apparitions conceptuelles, phénomènes qui ne visent qu’à nous sécuriser en nous adaptant chacun, avec plus ou moins d’adhésion, à des « vérités » dominantes, rationnelles ou non, normées par divers pouvoirs sociaux qui ainsi nous entretiennent dans la peur de l’inconnu, celle du futur, du lendemain (la souffrance, la mort), nous conduisant ainsi à vivre superficiellement le présent sous une pluie torrentielle d’informations ingérables. Les croyances se manifestent selon deux indissociables et symboliques principes de renforcement : le premier principe est trivial, c’est celui de la réduction à des éléments physiques de plus en plus petits supposés définissables, due à la recherche des causes et des fonctionnements, le matérialisme scientifique en est l’expression la plus sectaire voulant satisfaire l’entendement par l’élaboration de théories et d’explications techniques résolvant les problèmes vitaux, d’ailleurs à jamais renaissants, c’est un principe très sé/duisant (au sens étymologique de « discriminant » et au sens dérivé de « plaisant » ) ; le second est le principe d’extension à un ensemble indéfinissable, due à la recherche d’une supposée cause fondatrice absolue non physique (mais qui, par essence, échappe toujours)… Ces deux principes se superposent peu ou prou, ils sont parfois commodes, souvent distrayants, mais tendent à nous piéger dans une quête infinie, c’est-à-dire dans l’attente d’un futur d’où surgiraient les réponses à nos tourments actuels, nous mettant en conséquence sous le joug d’espoirs ou d’espérances sans cesse réitéré… et avec la malignité de l’habituation, toutes les croyances nous installent dans une rassurante impasse existentielle.
Je préconise plutôt la foi, c’est-à-dire « d’être » confiant, et non « d’avoir » confiance (la confiance ne peut se posséder, elle est ou elle n’est pas). Je parle ici d’une foi véritable, affranchie des croyances, des systèmes, des dogmes, acceptant l’inévitable impermanence (l’insécurité) pour mieux l’apprivoiser, l’arbitrer, en saisir la fécondité, nous offrant dès à présent le Monde en affinités, avec respect, et nous délivrant ainsi de la sempiternelle attente. Alors nous nous entendons par le Mystère de l’Art, et nous favorisons au mieux notre équanimité.
1- Nous sommes nés libres et aussitôt altérés par un moi de commodité, en parentèles, en sociétés, car l’innocence ploie sous l’origine.
5- Oui je vais mais je reviens au beau milieu,
là où les centres sont partout, ensemble, sens dessus dessous.
7- Sur l’île, je suis falaise,
pierre d’angle, puis poussière, petits riens je dépose lentement entre les plis.
18- Le bonheur est un ruisseau dans la vallée, il n’a de cesse de se cacher, les mots sont ainsi,
donnés au cœur recueillant ce qui fuit, il n’y a rien à prouver.
Pour aller plus loin :
(cliquez sur les liens suivants)
– Collection la Galerie de l’or du temps
– Chiendents n°73 de Claude Bugeon : Le Printemps sauvage
– Incognita n°7 : Claude Bugeon ou Les Yeux en île