La revue Décharge fait honneur au livre de Jean-Louis Clarac & Françoise Cuxac
Quel est ce nous, qui dans le poème de Jean-Louis Clarac accueille d’emblée le lecteur, qui revient avec insistance tout au long de la première page de Lisière trouble des métamorphoses(Le Petit véhicule éd.), qui conduit inéluctablement à la question : Qui sommes-nous ?
Nous avons les yeux embués d’ordinaires trésors
Nous avons le corps criblé de richesses banales
Nous avons la tête enivrée de paysages visibles et fantastiques
La réponse viendra assez vite, esquissant un être dont on désignera la place entrebête et hominidé, dans la silhouette duquel, sera-t-il précisé plus avant,s’invitent invasifs autant le mythe que le métissage.
Un être étrange
Palpite et respire en nous
Qu’il s’agit de nourrir
Des rêves insensés illuminant la vie
Assurément, ce n’est pas le portrait de l’homme ordinaire que trace le poète, mais celui de tout bon rêveur tel que Bachelard l’a défini, celui chez qui un souffle, au fond de soi/ Vient adoucir l’envahissante raison / La mettre à sa place / A l’ombre des sensations / A l’orée des impressions/ Dans la lisière trouble / Entre la veille et le rêve/ et dont le représentant modèle n’est autre au final que Françoise Cuxac, dont les œuvres matérialisent le rêve du poète, tout autant, par réciprocité et miroir, que le poème accompagne et commente la galerie de totems, idoles, poupées, êtres fantastiques, monstres aimables, hybrides aux silhouettes humaines et animales, encastrées ou non dans des boîtes, tiroirs, ou valises, que présente la plasticienne.
Sur la Lisière trouble des métamorphoses, deux auteurs, un imaginaire commun, auquel on aborde par les deux voies complémentaires de l’écriture lyrique et de la réalisation plastique. Pour chacune, un égal traitement : on pourrait décrire ce bel album, relié à la chinoise, comme constitué de cinq cahiers, dont le deuxième et le quatrième sont consacrés aux reproductions des œuvres de Françoise Cuxac. En écho desquelles Jean-Louis Clarac écrit, en cette précision lyrique Luc Vidal a salué dans sa préface :
Nous avançons dans des fragments
De la luxuriante matière
Qui pleure parfois de dépit
Sur la destruction
La disparition de ses forêts de ses animaux
Et nous pleurons sur elle
Luxuriante matière
Qui pleure parfois de plaisir
Dans l’œuvre qui s’élabore
Comme par enchantement
Matière inépuisable
Où hibernent les futures métamorphoses
Repères : Jean-Louis Clarac – Françoise Cuxac : Lisière trouble des métamorphoses. Préface : Luc Vidal. Coll. L’Or du temps. Ed. Le Petit véhicule ( 150 Bd des Poilus – 44300 Nantes). 56 p. 25€.
Jean-Louis Clarac est aussi l’animateur des Moments poétiques au théâtre d’Aurillac. A ce propos, lire l’I.D n° 503 : Coup de soleil sur Aurillac, qui faisait le point sur cette activité.
Pour se rendre sur le site de la revue Décharge : http://www.dechargelarevue.com/I-D-no-779-Adoucir-l-envahissante-raison.html
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