“Les Voix Intérieures” de Robert Desnos
Les Voix Intérieures
CHANSONS ET TEXTES CRITIQUES
Textes réunis et préfacés par L. Cantaloube-Ferrieu
“La plupart des poèmes des «Nuits blanches » ou de «Bagatelles » dans Destinée arbitraire, les Chantefables et chantefleurs« pour enfants sages à chanter sur n’importe quel air », les couplets d’État de veille qui proposent aux musiciens « des textes dont ils puissent user avec la plus grande liberté, en coupant, en répétant des phrases, en ajoutant même ce qu’ils voudront y ajouter », témoignent à l’évidence de la connivence qui pour Desnos lie poésie et chanson.L’exercice de la publicité radiophonique pendant les années trente favorisa ce rapprochement.
La parole s’y plie à la musique, le poème se fait ductile pour épouser la mélodie. Desnos franchit allègrement le pas et se mit à écrire des chansons qui prennent le rythme des blues, de valse ou de java, qui sont souvent composées pour un musicien et un interprète déterminés. Le journaliste radiophonique se double alors d’un parolier professionnel.
Si l’on remonte aux années surréalistes, l’on décèle chez Desnos un goût pour l’expression orale. Il est lui-même celui qui « parle surréaliste à volonté » (André Breton), le prophète d’une « parole d’or » (Michel Leiris) ; Desnos est spontanément le poète de l’oral et il est particulièrement sensible à l’inflexion des voix – celle d’Yvonne George par exemple. Il rêve d’un échange de paroles que la vie rend improbable, mais que la merveilleuse invention du disque réalise d’une certaine manière ………
Sachons tirer de son enseignement une leçon digne des hommes libres que sont les Français ». Contre les autodafés hitlériens, Robert Desnos revendique ainsi la liberté de la pensée – liberté esthétique et politique. Liberté : maître mot de son oeuvre et de sa vie.”
Marie Claire DUMAS ( extrait de l’avant-propos)
No pasaran
Nuits, Jours et nuits sombres !
Feu, Sang et décombres !
Sang clair des libres Espagnols !
Ou pour l’Espagne et la liberté
Un sang pur coule sur notre sol
Pour l’Humanité
No ! No pasaran !
Feu, rougis la forge
Ceux qui nous égorgent
Par ce fer nous crèv’rons leur coeur
Ceux qui ont mis le feu aux maisons
Ceux qui ont tué nos frères, nos soeurs
Jamais ne nous vaincront
No ! No pasaran !
Qui traîne des chaînes ?
Qui sème la haine ?
Le fascisme et tous ses banquiers
Ils ont de l’or, ils ont des canons
Mais nous luttons pour le monde entier Nous les briserons
No ! No pasaran !
[…]
Que le jour se lève
Sur ce mauvais rêve
Pour les hommes de l’univers
Pour les travaux de paix et d’amour
Nous peinerons été comme hiver
Ah ! vienne ce jour
Si pasaremos !
Robert Desnos