Point d’eau, d’Irène Gayraud (textes) & Raphaël Lucas (photographies)
Point d’eau
Irène Gayraud – Textes
&
Raphaël Lucas – Photographies
Flamme la pierre
Où le couteau du rêve a tant oeuvré.
Yves Bonnefoy
Irène Gayraud, née à Sète (France) en 1984, est à la fois écrivain et traductrice. Elle a publié deux recueils de poésie (à distance de souffle, l’air, Éditions du Petit Pois, 2014 et Voltes, Al Manar, 2016), ainsi que la traduction des Chants Orphiques et autres poèmes de Dino Campana (en collaboration avec C. Mileschi, chez Points). Ses poèmes ont régulièrement paru dans des revues poétiques en France et dans le monde. Sa formation de musicienne l’a conduite à travailler fréquemment, en tant que poète et/ou récitante, avec de jeunes compositeurs de musique contemporaine. Elle s’intéresse particulièrement aux rapports entre musique et poésie. Agrégée de Lettres Modernes, Docteur en Littérature Comparée et enseignante, elle est également membre du groupe de traduction créative Outranspo (Ouvoir de Translation Potencial).
Né en 1983 à Sète, sur les bords de la Méditerranée, le photographe Raphaël Lucas est issu d’une famille à l’héritage culturel complexe, fait de mélanges improbables et de tabous jalousement préservés. Son regard se nourrit des impressions que lui inspire cet héritage et de l’observation de la façon dont les gens qu’il rencontre gèrent leurs propres héritages, qu’ils soient familiaux ou culturels, et s’en inspirent pour donner du sens à leur vie. Son intérêt se porte donc essentiellement sur la notion d’identité et le rapport des individus à leur(s) identité(s).
Au pré
À Jean-Pierre Lemaire
Il était entouré de forêts.
Enfants, nous savions son nom juste.
Le méchoui qui cuisait ne te concernait pas. À toutes jambes, ta quête était celle du couteau, du rameau, qui ferait la canne à pêche.
Au centre de libellules contemplatives, ta patience naquit à l’ombre, les pieds dans la terre mouillée, un fil tendu aux araignées d’eau.
Ce soir le pain roussirait entre la cendre et le cri de la hulotte. Mais au bout de ta ligne la nuit pouvait attendre.
Souvent c’est ton doigt que tu prenais à l’hameçon. Dans la goutte rouge qui montait vers les miroirs de lumière, tu pouvais pêcher de ta main toute la force des arbres.
Pluie d’or à Héliopolis
Une poudre irisée s’élève derrière la ligne de crêtes
irradie dans l’espace
Quelque chose – ou quelqu’un, depuis cette ligne sombre, te regarde.
Pourtant autour de ta voiture il n’y a rien
que quelques hommes plissés de vivre au monastère du soleil.
De part et d’autre de la fente tracée par les montagnes le ciel et la plaine s’entrouvrent de surprise comme de grandes paupières dont le fard filerait.
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