Un commentaire de Claude Bugeon et de Jean Pierre Gandebeuf sur deux poèmes de Luc Vidal : L’ardoise magique & Le maquis thaumaturge
Cher Luc
Merci pour tes deux textes que j’ai reçus il y a quelques jours, et que j’ai aimés. Celui que je préfère
est celui du mois de mai, « le maquis thaumaturge », et je crois, comme toi, que la vérité est une
femme-cri, et que « le poète suit le vent car c’est son compagnon d’infortune » –
J’ai à la maison, dans mon jardin, ce « rouge gorge » « allié discret », et il nicha une fois, je
l’aime beaucoup. Cette année nous eûmes deux nichées, une d’un merle ( noir, pas blanc, peut-être
un jour…), et une mésange bleue, magnifique ! Avec l’honneur que nous font ces oiseaux de venir
habiter durant 1 à 2 mois notre jardin, dans le chèvrefeuille, et dans les lauriers , Marie et moi nous
nous sommes sentis élus par ce que la nature a de plus élégant (avec les fleurs). Ton texte est un bel
éloge du poète sauvage ( c’est à dire, étymologiquement, « fier ») et tu devrais écrire d’autres textes
dans cet esprit.
Franchissons le « ruisseau de la forêt », de la sylva cachée de nos mémoires, de nos amours à
vivre là où « ça bouge et ça meurt », allons sans retenue cueillir « à l’arrache » « les fleurs de
l’aventure », de l’invention de notre existence devenant enfin l’être-là ; au fond du panier déposant
l’élémentaire qui jamais ne nuit à la poésie qui n’est pas que poésie.
Merci en cette fin de confinement pour tes deux levées de main en ces deux textes qui donnent
à penser à ce qui est le flux et va sans cesse jusqu’à des rivages que, j’en suis certain, nous finirons
par connaître.
Avec le coeur,
Claude, le 25-5-2020
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Cher Luc,
Je ne t’écris pas histoire de te griffonner un requiem sur la dureté de la vie en
lorgnant du côté de l’ardoise magique que tu mets en exergue de ce texte
magnifique alors que je suis prêt à parier sur ta survie d’homme et d’écrivain poète.
Le ton, la sincérité, la profondeur font ici bon ménage.
Et bien considéré, le recours au poème est la plus fine mesure de la mise en lumière
de ce qui nous dévore… ce n’est pas un exercice de style… il n’y a aucun doute là dessus.
Oublions un instant l’éditeur.
Chacun d’entre nous, s’il décidait un soir d’entrer en introspection, verrait défiler sa
vie comme le fildefériste qui franchit la cataracte du Niagara sur une corde raide et
se demande ce qui va bien lui arriver … et si c’était pas mieux avant … et puis, dans
un élan de vitalité incommensurable, sans se hausser du col ni se montrer plus que
ça bravache, il se raviserait pour évacuer le doute, conserver le braquet, maintenir
le cap et dire : « pas maintenant »…
L’ardoise magique… je sais, j’ai fait sa connaissance et ce n’est pas la qualité de la
craie qui compte ni la couleur. Elle nourrit tous les moments casse gueule de notre
existence.
L’absence est une tendresse malmenée dont le téléphone ne répond plus.
Il faut se dire pourtant que le bonheur hante encore nos cauchemars et il s’agit de le
trouver . … en bottant les fesses du Corona virus et tout le saint frusquin du diable,
par exemple. On est d’accord.
Contre eux, l’affrontement plutôt que l’esquive.
Si « le poète fin limier des métaphores sublimes« toque à la porte du silence
et fait un bras d’honneur à la faucheuse, c’est qu’il en a pris son parti :
« L’énigme de la mort n’est rien devant l’énigme de la vie… »
« J’effacerai aussi toutes les routes de Madison de l’aventure des amants cassés… ».
« … un miroir étrange sans reflet qui parle cependant …
« la mort … s’est présentée au guichet du bureau des requêtes … «
On ne peut pas faire plus concis.
La messe est dite.
Des phrases comme celles-ci me parlent absolument
PS : lu bien sûr “l’année de la pensée magique” de Joan Didion
Amicalement … JP
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