“En attendant le jour” de Colette Gibelin, illustré par Lambert Savigneux
J’entre dans le poème
Je l’habite
C’est ma maison mais elle n’a pas de murs ou alors transparents,
pétris de lumière
Les arbres sont entrés avec moi
et tous les végétaux
et tous les animaux
et même les cailloux, ou les rochers qui ont une manière d’être bien à eux, si fascinante
Ma maison poème est une arche de Noé qui perpétue tout ce qui vit,
l’exalte
Ne te méprends pas,
je ne suis que mes mots
Ils sont mon squelette, ma carapace et mon souffle vital
Ils m’insufflent la vie
m’aident à respirer
hors de l’eau
Si tu m’enlèves le poème
je ne serai plus que poupée de chiffon sans axe
ni carapace
prête à crouler