“EN FOND DE CALE” de Paule Minier Deniel
J’ai longtemps navigué contre vents et marées ; des caps tourmentés à doubler, des lagunes aux eaux claires pour aimer ; la brûlure du soleil sur la peau en prime. Dans un port, un capitaine au long cours m’a offert une rade pour abriter mes délires. Cette navigation intérieure soulignée par des touches colorées a pris forme dans une belle collection livresque “La Galerie de l’Or du Temps” imaginée, crée par un Poète-Éditeur, Luc Vidal, à qui j’adresse toute ma reconnaissance d’aventurière en eaux profondes.
Paule MINIER – DENIEL
“Il sentit une main lui peser sur l’épaule, pas franchement amicale, plutôt du genre :
— Écoute bien, mec, c’qui s’passe ici, c’est pas tes oignons, tu déguerpis ou j’arrange ta p’tite gueule.
Il avala sa salive avec son rhum sirupeux et laissa monter en lui un refus ancestral d’obéir, droit durement acquis par ses ancêtres. Se dépliant lentement, il toisa de profil l’autre black qui le reluquait. La tension des muscles tendit les corps. Le patron du “Soleil levant” referma la porte de l’arrière-salle. La Cubaine se recula d’instinct ou d’expérience ; l’enjeu, c’était ce tatouage au-dessus du sein gauche, un colibri moiré plongeant dans une fleur d’hibiscus. Il n’eut pas le temps de se demander s’il avait bien fait d’entrer, il reçut un coup de poing dans le ventre qui, malgré la sangle abdominale, lui coupa le souffle. Il maîtrisa la flexion de son corps pour éviter d’encaisser un deuxième coup et la bête en lui, noire de rage, s’élança.”
Extrait de Ambiance noire