Jean-Marc Brunet a inventé un dispositif très simple, du moins en apparence, pour rendre sensible une opération qui intensifie réciproquement ce que son tableau met en avant et ce qui porte cette avancée, autrement dit ce qu’autrefois on aurait distingué comme le sujet et comme le fond. Les deux, chez lui, sont (déjà signalé) inséparables de telle sorte que le fond est un « espace du dedans » créateur de l’essaim qui s’y envole en donnant sens à l’ensemble. Il y a une interaction entre l’épaisseur spacieuse, qui paraît une étendue, et l’épaisseur floconneuse, qui paraît l’animer,mais les deux produisent également l’effet pictural auquel le tableau doit son attrait.
On se trompe quand on qualifie de « abstraite » cette peinture puisqu’elle se concrétise dans l’instant où le regard la découvre et s’attache à sa contemplation. Il advient alors cette chose étrange : le spectateur s’aperçoit que le tableau tout entier est dans un état de suspension dont la totalité s’anime dès que le regard entre en contact avec sa surface. C’est que la peinture – la vôtre – contient encore l’acte de peindre… Cette présence est si prenante que le regard a l’illusion de faire ce qu’il voit, mais propager cette impression ne peut, n’est-ce pas, qu’être la caractéristique d’une peinture concrète…
Il est possible que le livre soit le dernier refuge de l’homme libre.
« Il est possible que le livre soit le dernier refuge de l’homme libre. Si l’homme tourne décidément à l’automate, s’il lui arrive de ne plus penser que selon les images toutes faites d’un écran, ce dernier finira par ne plus lire. Toutes sortes de machines suppléeront : il se laissera manier l’esprit par un système de visions parlantes : la couleur, le rythme, le relief, mille moyens de remplacer l’effort et l’attention morte, de combler le vide ou la paresse de la recherche et de l’imagination particulière : tout y sera ,moins l’esprit.