Fleuretis, de Marie Thérèse Barbé (Photographies : Luc Vidal)
Marie Thérèse Barbé
FLEURETIS
Photographies de Luc Vidal
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Arbre à pluie goûte, égoutte goutte
Une paix sombre, graineux tronc,
Jour gris mouillé, racines croûtes :
C’est pourtant bien là qu’il fait bon.
Petite pensée vagabonde :
Arrête-toi, senteur du soir,
Long voyage des ans, des ondes,
Retrouve ton point de départ
Sous l’arbre ˆ pluie tout méditant
Tout seul, bercé vent et nuages,
De si longtemps, de si enfant…
Immobile eau du grand passage
Baigne nos pieds, bien vieux, bien bons,
Peut – être une heure, soleil du nord,
Avant charbon…
Lien communié chute des corps
Âme du bois, âme du crois
Sois.
J’ai de jolis p’tits souliers rouges
Gelés d’hiver, d’avoir marché
Frisquet chemin des déchaussés…
J’ai de jolis p’tits souliers rouges
Et pas besoin de les cirer.
Ami renard, un pied de nez
A toutes les gloires chaussées satin :
Les perles, rosée du matin
Nous font parure, belle aventure
Turelure…
J’ai deux jolis p’tits souliers rouges
Et fait pas chaud. Alors, tu viens ?
Je suis gens de rien, la grenaille
Aux siècles, nommé du collectif
Une poussière sur sa broussaille,
Blanc de mémoire définitif…
Retourne, jointure, à la terre
Mort du vivant vivant des morts,
Ne me plains pas, chante- misère :
Au grand jardin humus colorent
Les oubliés du dictionnaire
De souvenance dentellière ;
Et c’est très bien ; droit ˆ l’oubli
En molécule s’est choisi
Fils de la Vierge, ronce, nénuphar
Reviviscence ;
Un peu de moi, un peu hasard
De la semence…
Aux âges
Je suis l’inconnu du passage,
Il l’était, avec moi.
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