Gilbert Conan, Immersion La salle perse
Troupe du Théâtre de l’Epée de Bois Cartoucherie
Notre «maison» a été bâtie par des comédiens qui souhaitaient partager leur passion avec les spectateurs en premier lieu, mais aussi avec d’autres artistes dont la seule raison de vivre est leur art. Gilbert Conan (gilbertconan@yahoo.fr) est une de ces personnes. Il a déménagé pour quelques semaines son atelier de peintre du Cotentin et s’est installé dans une des salles de répétition de l’Épée de Bois. Dans le même temps que nous, les comédiens, cherchions dans notre chair le sens des mots du poète, le peintre cherchait aussi la résonance de ces mêmes mots à travers les couleurs. Le spectacle est né le 6 novembre et continue à grandir tous les lundi, mardi et mercredi ; la peinture de Gilbert Conan continue encore pour quelques jours à prendre sa forme définitive. Peut-être aurons nous la joie de vous montrer un jour une vingtaine de tableaux qui sont nés en même temps que «Le Roi se meurt».
Antonio Diaz-Florian le 14/11/17
Table d’Immersion
Présentation par Antonio Diaz-Florian …………. Préface de Luc Vidal ……………………………………..
La rencontre ………………………………………. Première répétition …………………………….. Le premier tableau …………………………….. La nuit, l’aurore puis le jour ………………… Le metteur en scène …………………………….. Les comédiens …………………………………… L’atelier …………………………………………….. Le roi se meurt …………………………………. Immersion ………………………………………… Rideau ………………………………………………..
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La nuit s’esquive avec pudeur. D’indéfinissables palpitations dans le petit jour. Les arbres dépouillés de l’été, aux verts de plus en plus rares, pépiements d’oiseaux au coeur du bois de Vincennes, des voix claires pénétrant dans l’immense théâtre. Parfois le vent rabat contre la fenêtre hublot des feuilles brunes humides de brume. Les espaces du lieu s’éclairent et la structure métallique rend à nouveau visible sa toile géante. Tout reprend sens en émergeant d’un oubli momentané. Emploi du temps desarticulé, sans continuité logique, ponctué des lueurs de ce qu’il faut formaliser en peinture, encre et écriture. Une peinture en provoque une autre ; une encre parce que la pensée active nécessite une extension matérielle ; des mots à inscrire durant de courts instants d’apaisement…
La voie délicieuse du silence ce matin, au-delà de la lucarne et de la porte, qui se grave dans une échapée du réel du lieu, en levers de nulle part. Petit à petit, dénicher des secteurs enfouis, sans appréhensions. Il faudra des semaines. Cela tombe bien ; il en existe partout. Un dialogue journalier s’instaure, au-delà des cloisons, privilégiant un face-à-face entre relatif, disparition et outils de création. Organiser, harmoniser le matériel nécessaire aux mises en scène et décors picturaux. Discerner, peut-être, quelque chose d’impeccablement gris et brun. Décider d’une suspension provisoire de l’univers des ocres. Un arbre perd ses feuilles une à une. Un désir retourne à sa source ; la toile blanche.
Gilbert Conan
Je connais ce lieu dans et pour lequel tu as travaillé. Ce théâtre de l’Épée de Bois* Cartoucherie est le théâtre de l’intime qui ouvre les grands espaces que toute création authentique invente. Ce nouveau livre : Immersion, La salle Perse est le fruit d’une triple alliance : le lieu même où la pièce de théâtre (Le Roi se meurt) naquit sous la houlette d’Antonio Diaz-Florian qui te confia les clés de son théâtre, tes propres oeuvres, tableaux et photographies inspirés par le travail des comédiens et les atmosphères mêmes du théâtre et enfin tes propres notes et mots poétiques. Ce qui caractérise ton art poétique et pictural, c’est leurs connivences. Au fond il n’y a pas de différence fondamentale entre tes voyages lointains, aux quatre coins du monde et ceux que tu entreprends aujourd’hui aux pays de ton enfance. Ta peinture n’a d’autre but que d’éclairer les chambres anciennes et les espaces inconnus qui ont fabriqué ta personne. « Pour l’instant l’horizon est en soi, en espérant qu’il soit une ligne de chance… », écris-tu et c’est exactement cela l’état d’esprit et de coeur qui régit tes créations. Et tes mots ne font que signer la joie d’être et d’avoir été dans le souffle premier des comédiens. Grande joie, couleurs inestimables qui sortent de tes doigts, promesses discrètes qui attendent la bonne expression annotée par tes mots. Bien sûr tu as raison de dire que « l’idée mûrit contre la nuit » comme tes tableaux nourrissent la beauté des crépuscules. Ton livre restitue la magie de ce lieu constellé des étoiles de la patience. Tu en as saisi son côté mémorable et fervent.
Luc Vidal, extrait de la préface
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J’aime lire ta prose et me lover dans sa lumière tamisée. Si peindre est un renoncement à sa propre présence, écrire est énoncer son désir d’une vraie présence. Cet Immersion, La salle Perse raconte cet itinéraire hors du temps habituel.
Luc Vidal