“Vacations écrites ou la sonate à Kreutzer, nouvelles et récits” Livre Deux de André Daumel
Ex foto
Quand l’arbre se couche emportant avec lui son mystère, la forêt, sa maison, étreint de ses branches le corps couché de l’agonisant. Quelques racines çà et là le relient encore au monde des vivants. Sa ramure doucement s’étiole à l’automne jaunissant, dans quelques jours les insectes macrophages déliteront lentement son écorce jusqu’à l’aubier. Les enfourchures jadis fières de porter des nouvelles pousses se sont enfoncées dans le sol meuble de l’humus, litière funéraire de l’agonisant. La pie et le geai ne jaseront plus au faîte de sa ramure, seul le rossignol précurseur a déjà trouvé une autre tribune.
Il s’est levé comme un talisman, gité au creux de l’enchevêtrement racinaire, un bloc blanc, silex millénaire, brillant de ses facettes dans le clair-obscur du sous-bois. Cette dernière offrande, ce dernier geste de l’arbre centenaire que la bise a couché, offre aux cieux bouleversés, tel l’ostensoir, la pierre qui le liait au minéral. Cet ex-voto s’offrira au monde secret des elfes et des fées peuples silencieux de la forêt. Quand le reliquaire s’effacera, le quartz retournera, anonyme, dans le monde silencieux des roches, jusqu’à ce qu’une nouvelle pousse enserre à nouveau le précieux talisman.
André Daumel
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Seconde lettre musicale à André Daumel par Luc Vidal
Toujours la musique qui accompagne l’univers d’André Daumel. Ce livre deux d’emblée en faisant allusion à la sonate de Beethoven et au roman de Tolstoï donne de précieuse indication sur l’univers de l’artiste Daumel. Son travail créateur donne raison au fameux poème de Charles Baudelaire : Correspondances. « Vaste comme la nuit et comme la clarté,/Les parfums, les couleurs et les sons se répondent ». Chez Daumel la note de la couleur est juste, le mot en écrit avec bonheur la partition. Le premier texte Ex foto en est l’illustration saississante comme une image profonde de la nature de ses vivants piliers : l’arbre. Et tout à coup ce fut le déclic donne le coloris juste. La visée de l’auteur dans ces variations écrites est de solliciter chez le lecteur le désir de fantaisie, de fantastique, le surprise, les élans romantiques et la mélancolie noire de clarté comme dans il y a un début à tout ou Le souffle du miroir, cest d’ offrir aux lecteurs et lectrices des mémoires de la terre, de nulle part, d’ici et là en retrouvaille, des histoires simples qui apprennent dans l’adversité du temps à s’aimer et se respecter, des nouvelles du Cosmos, de la lutte contre les éléments naturels, l’émergence de l’insolite dans nos vies…
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PRÉFACE À MOTS COUVERTS D’URGENCE À DÉCOUVRIR ET À LIRE POUR SOURIRE
Le livre Deux, second tome de la trilogie envisagée, a pris forme. Suivant le vœu fait, il débute par un ex-foto, noblesse des mots oblige. Garder le rythme, le ton, les mots en perspective parfois désorganisée.
Variété voulue des sujets, éclectisme littéraire guident mes choix de parution. La poésie n’est jamais bien loin dans des anachronismes désirés et délirants. Comme un vieux chat qui se joue de la souris contendante ou de la pelote des mots tressés en longs fils de soie, simplement, j’écris.
S’accompagner, à défaut d’orchestre, d’encres ou d’huiles grattées sur l’arpège de la symbolique. Jeu amusant où je laisse la main organiser ou davantage désorganiser le trait et la couleur.
Le plaisir reste intense de proposer, avec la complicité bienveillante de Luc Vidal, ce nouvel ouvrage. La confiance proposée me sied et c’est en toute tranquillité que je lui confie les rênes de l’édition.
Revivre pour la troisième fois une parution est un plaisir que je partage volontiers avec vous. Vous qui me faites le plaisir de me lire!
André Daumel
Écoutez la sonate à Kreutzer de Beethoven ici (youtube)
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